Discours de l’inauguration de l’école nationale de cybersécurité à vocation régionale – Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, 6 novembre 2018 à Dakar

Discours de l’inauguration de l’école nationale de cybersécurité à vocation régionale – Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, 6 novembre 2018 à Dakar:

Monsieur le Ministre, Cher Sidiki,

Monsieur le Secrétaire général de la présidence de la République,

Mesdames et Messieurs les autorités de l’École nationale d’administration,

Messieurs les préfigurateurs, M. Ndao et M. Bouvier,

Chers amis,

Je suis d’abord très heureux d’être là pour l’inauguration de l’école nationale de cybersécurité à vocation régionale et aussi pour l’ouverture, Mesdames et Messieurs, de votre formation sur les enjeux de la transformation numérique. Je suis, en plus, touché et ému du fait que cette rencontre ait lieu dans l’amphithéâtre Bruno Diatta dont la mémoire a été évoquée tout à l’heure, et que j’avais eu l’honneur et le plaisir de rencontrer à de nombreuses reprises lorsqu’il était chef du protocole du président Macky Sall.

Mesdames et Messieurs,

Le développement de la cybercriminalité, du cyberterrorisme, la protection des données personnelles des citoyens sont devenus en quelques décennies des enjeux majeurs. La protection du secret et la sécurisation des réseaux dématérialisés sont désormais indispensables.

Internet ne peut pas être une zone de non-droit qui échappe au contrôle de nos sociétés. Et, forts de ces constats, vous avez pris une décision majeure, celle de créer la première école nationale de cybersécurité à vocation régionale qui est également le premier centre international de formation cyber en Afrique.

Cette décision du président Macky Sall, dont je salue la vision en ce domaine, nous l’avions ensemble anticipée lors de l’édition 2017 du Forum «paix et sécurité» à Dakar. Ce projet est placé sous l’autorité directe de la présidence sénégalaise, ce qui est un gage d’importance et aussi de solidité.

Ce projet aura une vocation internationale dans la mesure où de nombreux pays d’Afrique pourront y envoyer leurs cadres et leurs personnels pour s’y former, au sein d’un département spécifique, qui s’appellera l’Institut africain de cybersécurité.

La France apportera son soutien à ce département qui offrira, cela nous a été rappelé tout à l’heure, des formations professionnelles internationales destinées aux décideurs, aux techniciens de la cybersécurité et permettra aussi de renforcer les capacités des États africains à exercer leur souveraineté dans le cyberespace.

Cette école rejoint la vision du Sénégal émergent du président Macky Sall, entre le Sénégal numérique, porté par un secteur privé dynamique auquel participe Orange et Athos, le Sénégal hub régional de formation, qui sera incarné entre autres par le Campus universitaire franco-sénégalais en cours de constitution, et par cette école nationale à vocation régionale, le Sénégal devient un acteur décisif de la sécurité du continent, avec le Forum de Dakar où je vais me rendre dans un instant et où se pensent les défis africains de demain et les solutions africaines pour y répondre.

À ce titre, la plateforme cyber du ministère de l’intérieur, dont nous avons soutenu la création en 2017, je m’y étais rendu dès le mois de juin pour préparer cette affirmation et cette émergence. Cette plateforme du ministère de l’intérieur est un bon exemple de cette conquête par un État africain de sa souveraineté numérique. Parce que c’est bien ce dont il s’agit : la conquête de la souveraineté sur le cyberespace.

Et, avec mille plaintes reçues depuis un an et la résolution d’affaires d’escroquerie, de piratage de données bancaires, de ramifications internationales diverses, les résultats de cette plateforme sont remarquables. Ils démontrent l’intérêt qu’ont les États africains à mieux former leurs agents et à développer leurs capacités de prévention et de répression. Et, c’est parce qu’il répond à ce besoin, que nous nous engageons aujourd’hui et que nous continuerons à soutenir le département des formations professionnelles internationales au sein de l’École nationale de cybersécurité..

Afin de poursuivre cet effort de conquête de souveraineté, la formation des cadres sénégalais et africains est une étape essentielle. Et c’est dans cette perspective que nous inaugurons cette école qui va être dotée des équipements informatiques et des logiciels les plus modernes, avec un plateau technique comparable aux plus grandes écoles d’ingénieurs dans le monde. Cette école qui est installée provisoirement et accueillie provisoirement ici à l’École nationale d’administration, s’installera à terme au sein de la future cité du savoir de Diamniadio.

Cette école, cela a été rappelé, pourra nourrir des partenariats innovants avec des grandes écoles et des universités afin d’élargir à son plateau technique l’échange et la formation pédagogiques.

De même, de nombreuses organisations internationales, oeuvrant notamment dans la lutte contre la cybercriminalité, souhaiteront et souhaitent déjà s’appuyer sur le futur plateau technique de cette école africaine pour dispenser leurs formations plutôt que de continuer à louer des salles de conférence dans des hôtels peu adaptées à l’apprentissage informatique.

Enfin et surtout, cette école moderne devra se développer en collaboration avec le secteur privé, bien représenté en Afrique pour ce qui est du domaine numérique. De nombreuses entreprises européennes et africaines voient dans ce centre de formation l’opportunité d’intégrer un même espace pour nouer des partenariats stratégiques et toucher un public ciblé.

Les formations professionnelles internationales soutenues par la France porteront sur la gouvernance du cyber, la lutte contre la cybercriminalité, le renseignement numérique et, bien sûr, la sécurité informatique. Tout cela nous a été rappelé tout à l’heure par M. Bouvier.

Autant dire que ces formations couvriront les plus grands défis sécuritaires de demain.

Voilà, Mesdames et Messieurs, chers amis, la formation que nous ouvrons aujourd’hui. Elle est importante pour de nombreux aspects et elle illustre à merveille la coopération résolument moderne que nous voulons mettre en œuvre sur la transformation numérique et les enjeux de sécurité et de souveraineté qui s’y attachent.

Je souhaite donc un franc succès à l’École nationale de la cybersécurité de Dakar. Nous nous tenons, Monsieur le Ministre, résolument à vos côtés, aux côtés de ce partenaire sénégalais qui émerge dans la vision pour demain qui rejoint la nôtre et je vous remercie de l’accueil chaleureux que vous nous avez réservé. Et je vous souhaite, Mesdames et Messieurs, un très bon stage, ici, dans cette école./.

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